Le cataphile de Dimitri Mouton, TheBookEdition.com, 9.99EUR, ISBN 978-2-9539338-0-2

Le cataphile de Dimitri Mouton, TheBookEdition.com, 9.99EUR, ISBN 978-2-9539338-0-2

Il y a des livres comme ça, qu’on vous prête quand on a rien demandé. On se dit d’abord que merde, sa pile à lire est déjà assez grande comme ça. Et puis on se dit que si la personne s’est donné le mal de vous apporter le bouquin, ça vaut peut-être le coup. Le cataphile  de Dimitri Mouton fait partie de ceux là. (Edit du 21 mai 2013 – on me signale en régie que c’était un cadeau. Thomas B., la grande classe reconnaissante.)

Comme son nom l’indique, Le cataphile parle de ces incorrigibles visiteurs des anciennes carrières sous Paris. L’intro fait d’ailleurs une petite typologie des cataphiles, entre les rigolos qui viennent surtout fumer des joints pépère et les exégètes du moindre graffiti de carrier. Etait-ce vraiment nécessaire, dans la mesure où le lecteur les rencontrera au cours de l’histoire? Je ne sais pas. En tout cas cela a forcément a ravi le rôliste sociologue de comptoir que je suis .

Ca sent le vécu. Sans doute un vécu assez 1990s qui colle avec la date de parution. Pour les connaisseurs, oui il y a de la frontale, de l’acéto, des tracts, du remblais et de la plaque soudée.
Il y a surtout une très chouette descente aux enfers, un délire entre rêve et réalité, fantasmes et autodestruction. Les relations humaines sont particulièrement bien rendues, surtout celles entre hommes, allant de l’initiation à l’attachement avec une tension homoérotique sous-jacente assez agréable car pas si commune.
Les joie de l’exploration souterraine sont très bien retranscrites: la fatigue de marcher vite, plié sous un ciel trop bas, sur des sols irréguliers, l’humidité, les changements de température, la poussière, la boue, les différentes approches possibles de cet environnement, de l’émerveillement à la déception.
Donc oui, ça name-droppe des salles, mais ce sont surtout les plus connues, donc si vous googlez le sujet vous les reconnaitrez, et avec un plan vous pourrez même suivre les pérégrinations du héros.
Le cataphile est à mettre en miroir à La culture en clandestins. L’UX. de Lazar Kunstman. Là où le porte-parole de l’UX se la pétait grave (à raison) avec ces histoires vraies et déversait tout son mépris des cataphiles (pas nécessaire), on est ici dans la critique aimante, l’immersion, la perte de soi dans le réseau, la folie, le rêve, la réalité. Les catas sont avant tout une histoire d’amour, de passion, d’obsession, de danger et d’interdit, et ce court roman le fait très bien passer.

 

Des bémols? Rien de grave: il y a de la référence alchimique, Rose-Croix etc, plus geeky que vraiment nécessaire, mais comme pour la typologie, je ne crache pas sur ce genre de détails. Le style, sans doute un chouïa trop lyrique pour moi  a quelques maladresses, dont des dialogues au français un peu trop soutenu qui m’ont fait décrocher un moment, mais rien de bien grave. Forcément, passer derrière Tadjélé n’arrange pas les choses.

 

Résumons: j’ai lu Le cataphile presque d’une traite, dans des avions, quelques milliers de pieds au dessus de l’Allemagne, tout en me croyant une vingtaine de mètres sous Paris. Une réussite, donc.

 

Allez, le prochain livre sera peut être urbain, mais ni froid ni humide, c’est le printemps, merde!

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2 Responses to Le cataphile

  1. Laurent K says:

    Vraiment content que tu aies aimé !
    Amitiés

  2. Greuh says:

    Tiens, faudra que je te l’emprunte, cuilà. J’ai quelques ouvrages sur les catas à te passer à l’occasion…

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