Klub des Loosers: la fin de l’espèce
En 1990, la compilation Rapattitude m’avait fait découvrir le rap français. En 2000, la mixtape L’Antre de la folie m’avait convaincu que le genre avait encore un avenir. L’un de ces sauveurs iconoclastes s’appelait Fuzati, membre du Klub des Loosers (l’autre moitié est actuellement DJ Detect, que certains auront découvert avec Le Klub des 7). En digne héritier de Lovecraft, Fuzati est asocial, célèbre pour son flow non-euclidien et ses thèmes qui sortent du spectre. Controversé de par la violence de son cynisme et de son non-respect des rythmiques attendues, il reste le premier MC que j’ai vu rapper a capella pendant une coupure de courant et ainsi imposer le silence, seul dans le noir, face à une salle de concert bien remplie lors du passage du Klub des 7 à Lausanne. Huit ans après son premier album Vive la vie, on le retrouve là où on l’avait laissé: en train de se pendre à un arbre.
Bizarrement même les branches n’arrivent plus à me supporter
Elle a fait comme l’amour: en 3 secondes elle s’est cassée.
Fuzati a donc tout raté , même son suicide. Il a vieilli, trouvé du boulot et comme moi semble avoir des problèmes avec la pression sociale qui impose aux trentenaires de se reproduire.
Un seul interlude dans cet album, donc on ne l’entend plus se prendre râteau sur râteau, mais le rappeur “romantique comme un acteur porno qui ne quitte pas son alliance” n’a pas beaucoup plus de succès avec les femmes:
A défaut de me faire la fille je me ferai une raison
Si la vie est une série j’ai encore raté une saison
et propose diverses méthodes pour résoudre les problèmes de surpopulation:
Chérie ne t’inquiète pas
Non je ne me tromperai pas d’endroit
Je sais parfaitement où la mettre
Pour que le futur soit plus beau
Parfois ta merde salit les draps
Mais tout le monde pourra boire de l’eau
Avec La fin de l’espèce, Fuzati confirme sa place dans mon panthéon des lyricistes francophones (dans le désordre Gérard Baste, Oxmo Puccino, Rocé, Seth Gueko, voire Booba quand il se sort les doigts du cul). Niveau flow, c’est moins stochastique et donc un poil plus répétitif qu’avant, mais à l’échelle de l’album on est encore loin des copier-coller de Sinik ou Kenny Arkana. Les instrus sont plus abordables que dans L’Atelier:Buffet des Anciens Eleves par exemple, avec des mélodies au piano qui accrochent l’oreille sans tomber dans les larmoyances de Soprano. Pas de grognasse au micro non plus, les rares chants sont des samples de chœurs 70s avec lesquels Fuzati nappe ses sons jazz-rock depuis le début du siècle. Une évolution dans la continuité, loin des virages pop bien loupés d’autres pionniers comme TTC.
La fin de l’espèce est donc hautement recommandé, et puisque certains se sentiront obligés de le qualifier d’album de la maturité, on finira avec une dernière petite citation pour la route:
On croit d’abord au père Noël et aux orgasmes dans les pornos
Le jour où on ne croit plus en rien c’est qu’on a fini d’être ado.
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