Avertissement: Je suis un fanboy de merde de Léo Henry depuis Furious Gnomes , et ça ne nous rajeunit pas. On a fait des geekeries ensemble il y a une dizaine d’années, on s’octroie une soirée vieux cons tous les 5 ans et il utilise des pseudos oubliés quand il me gribouille ses dédicaces absconses. La dernière en date trône en vert bouteille sur un exemplaire de Rouge gueule de bois.

Ce premier roman est un “road novel” qui suit Fredric Brown et Roger Vadim picolant à travers des Etats-Unis en pleine apocalypse, dans les années 60. Autant Vadim je voyais à peu près (D’une étoile l’autre se baladait dans les étagères de mes parents), autant Fredric Brown je n’en avais jamais entendu parler. Et comme je ne suis pas du genre à me spoiler, j’ai lu le bouquin sans savoir si le personnage était fictif ou pas. Un googlage plus tard, Brown a existé, et Rouge gueule de bois donne plutôt envie de lire son oeuvre. En tout cas plus que de le rencontrer, parce que dans le genre “loser alcoolo barré de la tête”, monsieur Brown se place là. Avis aux âmes sensibles donc, entre bibine, violence et grand n’importe quoi psychédélique, Rouge gueule de bois part en couille sévère et se prête mal au résumé.

L’histoire est plutôt facile à suivre malgré le niveau de délire global, qui retranscrit sans doute le côté trippant de la Californie de l’époque.  “Sans doute” car je suis plutôt straight edge, que ma Californie était celle de la bulle internet et que les années 60, c’est vraiment un truc de vieux. Au mieux je suis jaloux des baby boomers parce qu’ils forniquaient avec pilule mais sans sida, que le rock ressemblait à quelque chose et qu’ils avaient du boulot. Au pire je me rappelle que dans la même étagère que D’une étoile l’autre, il y avait des compils avec Sheila et Richard Anthony. Tout ça pour dire que, du pitch aux clins d’œils culturels, Rouge gueule de bois démarrait avec un sérieux handicap.

Mais à mesure que le monde partait en vrille, je retrouvais mes marques. Certains personnages sentaient bon les tribus de Bitume, certaines questions d’identité et de réalité étaient délicieusement dickiennes. Et puis il y avait le style. Léo Henry a toujours son mojo: c’est ciselé, c’est audacieux, il y a de la formule qui t’envoie les odeurs et les textures directement dans le système limbique. Profs de français et geeks de tout pays unissez vous, Rouge gueule de bois contient à la fois les constructions de phrases élégantes, des flingues et des grosses cylindrées. J’en suis ressorti un peu groggy, toujours songeur sur ce qui peut pousser un auteur trentenaire bien dans sa peau à choisir en 2011 un décor dont les médias nous bassinent les oreilles depuis les années 80. Mais j’en suis ressorti heureux. Léo Henry ne m’a pas convaincu de porter des sous-pulls en tergal ou de picoler au volant d’une décapotable, mais il m’a emmené en voyage, dans tous les sens du terme, avec le sourire aux lèvres et des étoiles dans le yeux.

 

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7 Responses to Rouge gueule de bois

  1. Loris says:

    On s’est fait une chouette balade dans les KTAs, avec Léo.

  2. thomasbe says:

    Monsieur, je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Insinuer que Léo ou moi s’adonnerions à des promenades illégales serait hautement calomnieux!

  3. Loris says:

    Loin de moi une telle idée. KTAs : Klubs Thérapeutiques d’Arras, bien évidemment. Léo et moi sommes des fans d’acupuncture et de chiatsu.

  4. Loris says:

    Je l’ai fini, j’ai beaucoup aimé.

  5. […] his time, meaning he could direct from experience, and he was recently featured as a protagonist in a friend’s novel. But as a movie buff, the cast was a true plunge into the history of French cinema. Gérard […]

  6. […] his time, meaning he could direct from experience, and he was recently featured as a protagonist in a friend’s novel. But as a movie buff, the cast was a true plunge into the history of French cinema. Gérard […]

  7. […] Les disclaimers d’usage à mes critiques d’oeuvres de Léo Henry et Jacques Mucchielli s’appliquent. Je ne connais pas bien Stéphane Perger, le troisième créateur/illustrateur, mais […]

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